Jouer en public vous fiche la boule au ventre ?
Lorsque vous y êtes contraint, vous rêveriez de pouvoir devenir assez petit pour vous glisser dans un trou de souris ?
Vous rêvez de mieux gérer le Trac ?
Vous n’êtes pas seul. La raison en est simple.
Le mauvais Trac est une réaction de panique sociale.
Rien que cela !
Vous avez peur d’être jugé par « la tribu ».
Comme l’explique le paléoanthropologue Aurélien Mounier, « Notre ADN n’a pas changé depuis 200 000 ans ».
Alors pourquoi croire que nos réactions face au groupe, à la tribu, auraient évolué ?
Sous cet angle, jouer en public, c’est prendre des risques énormes.
Notamment, celui d’être mésestimé. Jugé indigne du groupe auquel on appartient.
Voir même d’être banni.
Oui.
Le Trac peut puiser, au moins en partie, son origine dans ces peurs archaïques.
Pas étonnant qu’à l’idée de jouer en public votre corps s’active comme si vous alliez mourir.
Que votre cœur s’emballe autant que si un guépard vous fonçait dessus à 120 km.
Dans ces conditions, difficile de faire honneur à Mozart ou à Jimmy Hendrix, n’est-ce pas ?
Et pour cause, le Trac peut générer des réactions de panique aussi puissantes que les phobies.
Mais rassurez-vous ! Comme d’habitude, j’ai une bonne nouvelle à vous apporter.
Aujourd’hui, je vais vous présenter les résultats d’une expérience scientifique qui prouve, IRM à l’appui, qu’une phobie peut être guérie efficacement.
Rien que ça !
Allons-y pour découvrir comment gérer le Trac.
Petit focus sur les phobies
Une réaction phobique se déclenche TRÈS facilement
Au cours de l’une de mes formations en préparation mentale dans une école supérieure, une étudiante m’a parlé de son arachnophobie.
Cette jeune de femme de 21 ans souhaitait se débarrasser de cet « handicap ».
Je lui dis que plusieurs outils donnent de très bons résultats en matière de guérison de phobie.
Cependant, avant toute chose, il fallait évaluer la puissance de ses réactions phobiques.
Cet état des lieux est indispensable pour évaluer ensuite l’évolution des symptômes et l’efficacité du traitement employé. De plus, il y a phobie et PHOBIE. Et selon, le degré de phobie, je n’utilise pas la même stratégie.
Comme elle était d’accord, je lui ai demandé de regarder une photo d’araignée sur Google.
Une camarade de classe a cherché une photo et lui a présentée.
À cet instant, les yeux de la jeune fille se sont écarquillés et son visage s’est décomposé. En moins de 3 secondes, sa respiration est devenue si irrégulière qu’elle donnait l’impression de s’étouffer. Ses bras tremblaient et des larmes coulaient sur ses joues rouges.
J’ai tout de suite demandé qu’on éloigne la photo.
Il n’y avait pas de doute. J’étais en présence d’une vraie réaction phobique.
Nous pouvions commencer les choses sérieuses.
La définition d'une phobie ressemble à celle du Trac
D’après Wikipedia, une phobie au sens psychologique du terme est définie comme :
« Une peur irrationnelle, excessive que la personne ne parvient à maîtriser. »
Cette définition s’approche de celle du Trac, non ?
La suite est encore plus parlante :
« La confrontation à l’objet de la phobie déclenche une angoisse majeure, un état de panique … le patient commence à éviter tout ce qui pourrait lui déclencher une crise.
En dehors des crises, et s’il n’y a pas de confrontation prévue avec l’objet de sa peur, il n’existe pas de symptôme »
Cet extrait pourrait être tiré d’un article sur la gestion du Trac, n’est-ce pas ? Les réactions de Trac ressemblent comme deux gouttes d’eau à des réactions phobiques.
Bien sûr, gérer le Trac ne se limite pas à guérir la panique que crée le fait de jouer devant des personnes qui vous écoutent.
Cependant, cela en fait partie. Et comme je parie que personne ne vous a parlé à l’école du fait que les phobies se guérissent, il me semble important de vous apporter des informations sur ce point.
Alors, voyons en détail une étude qui prouve que les phobies se soignent.
Guérison de l’arachnopobie
En 2005, Thomas Straube et son équipe ont mené une étude passionnante.
Ces scientifiques du département de biologie et de psychologie clinique de l’Université de Friedrich-Schiller en Allemagne, ont mesuré l’impact d’une Thérapie Cognitive Comportementale (TCC) sur la guérison de l’arachnophobie.
Pour ce type d’étude, les scientifiques procèdent de la manière suivante.
Ils confrontent les sujets à l’objet de leur phobie et puis ils mesurent leurs réactions de différentes façons.
- Ils les questionnent sur leurs ressentis, leur réaction émotionnelle
- Ils évaluent les réactions corporelles inconscientes de l’individu (dilation des pupilles, pression artérielle, sudation de la peau)
- Ils observent directement l’activité de leur cerveau grâce à l’imagerie médicale
Grâce à cette double mesure, les chercheurs peuvent vérifier la corrélation entre ce que les sujets disent vivre et leurs réactions cognitives et/ou physiologiques.
Ici, ce sont les stratégies 1 et 3 qui ont été utilisées.
Ci-dessous, je vous présente les résultats de cette étude IRM.
Je sais.
Cela peut paraître complexe au premier abord.
Mais rassurez-vous ! C’est plus facile à comprendre que cela en à l’air. 😉
Et je vais tout vous expliquer.
Image 1

Explications
Contexte
Cette première image compare les réactions
=> des personnes arachnophobiques (PS => phobic subjects; couleur rouge)
avec celles
=> des personnes qui ne sont pas phobiques (CS => control subjects; couleur jaune)
Grille de lecture
Les images A et B correspondent à l’analyse de 2 parties différentes du cerveau.
Image A => Cortex cingulaire antérieur (ACC)
Image B => Insula
Les zones rouges ciblées dans les images reflètent le niveau d’activation de ces zones.
Le graphique en bas à droite de chaque image correspond à la mesure de l’activation des zones concernées.
La colonne blanche correspond aux sujets phobiques et la mini-colonne grise aux sujets non phobiques.
Résultats
La colonne blanche est beaucoup plus grande que la colonne grise.
Ceci révèle la sur-activation des parties du cerveau concernées chez les personnes qui sont phobiques lorsqu’elles voient une vidéo d’araignée
Image 2

Explications
Contexte
Cette deuxième image compare les réactions
=> des sujets arachnophobiques qui ont traité leur phobies (TG => therapie group; couleur rouge; colonnes blanches)
avec celles
=> des sujets qui n’ont pas traité leur phobie et juste attendu un temps équivalent au travail thérapeutique (WG => waiting group; couleur rose, colonnes grises)
Grille de lecture
Les images A et B correspondent à l’analyse de 2 parties différentes du cerveau.
Les colonnes de gauche correspondent au niveau d’activation des zones cérébrales analysées avant la thérapie ou l’attente (En Jaune).
Les colonnes de droites correspondent au niveau d’activation de ces mêmes zones après la thérapie ou l’attente (En vert).
Résultats
Les colonnes blanches ont disparu après la thérapie dans les 2 zones analysées !
Les traces rouges sur les images des cerveaux ont également disparu.
Ceci révèle que la thérapie a été très efficace car le cerveau des personnes phobiques est « guéri« .
Il se comporte comme le cerveau des personnes non-phobiques de l’image 1.
Concrètement, les sujets qui étaient phobiques ne paniquent plus !
Au lieu de crier, devenir rouge, suffoquer, perdre le contrôle de leur corps, ils restent sereins et tranquilles…
Le plus fou est qu’ils ne font pas d’effort pour rester zens et souriants.
Ils réagissent complètement différemment, c’est tout !
Et vous pouvez vivre une transformation de la même ampleur avec le TRAC.
Guérir la phobie sociale suffit pour gérer le Trac ?
Comme vous vous doutez de la réponse, la réponse est non.
Bien sûr, guérir la panique sociale est extrêmement aidant. Cela vous permet de mieux tenir la route quand le sol se révèle glissant.
Comme quand vous équipez votre voiture de pneus neige en montagne l’hiver.
Mais si vous voulez gagner une course dans ces conditions, il va falloir développer d’autres compétences comme :
- Savoir vous concentrer le temps du challenge
- Gérer la pression
- Faire preuve de courage
- Vous donner corps et âme
Elles n’ont aucun rapport avec la musique non plus.
Donner le meilleur de votre musique sous pression
Et oui !
Quand vous gérez une phobie, vous n’avez rien d’autre à faire que de ne pas paniquer !
Quand vous jouez de la musique en public, vous devez en plus :
- Exécuter des gestes très fins, à toute vitesse parfois
- Faire revenir en mémoire une myriade d’informations
- Effectuer des nuances, transmettre des émotions…
Sacré programme, non ?
Et ce n’est pas tout !
Lorsque vous jouez de la musique en public, tout se joue en quelques minutes.
C’est un point commun que vous partagez avec ces athlètes qui préparent les Jeux Olympiques…
Vous vous exercez pendant des semaines, des mois, voire des années, pour un moment qui passe plus vite qu’un battement de cil.
Je suis d’accord.
Travailler d’arrache-pied, faire preuve de patience,
progresser et finalement vous planter le jour J, c’est cruel.
Alors, il est indispensable de mettre toutes les chances de votre côté pour que cela n’arrive pas…
Comment faire ?
En continuant à vous renseigner sur votre « Trac ».
En musclant régulièrement toutes les compétences non musicales dont vous avez besoin pour naviguer dans la tempête en gardant le cap !
Et bien sûr, en commençant si besoin par nettoyer les réactions de panique sociale avec l’aide d’un professionnel reconnu pour ses résultats en thérapie brève.
Oui, il y a de quoi faire !
Voici deux articles qui vous seront utiles pour vous aider à gérer le Trac :
=> Pour comprendre le lien entre le trac et l’état de Flow (état psychologique optimal) c’est par là !
Avec confiance et motivation 🎶😏
Roman Buchta
Un peu technique, mais très instructif.
Merci pour ton retour !