Methode de travail musical analyse partition devant piano

Méthode de travail musical optimale : Les 3 étapes clés

Comment travailler efficacement ?

Quelle est la BONNE méthode de travail musical ?

Que vous soyez dans la vie active où à la retraite, ces questions vous trottent probablement dans la tête.

Votre temps n’est pas illimité.
Et puis, vous souhaitez voir vos efforts récompensés.

Rien n’est plus motivant que de réussir à jouer ce passage qui vous résistait il y a de cela un mois.
N’est-ce pas ?

Moi, cela me fait le même effet qu’Astérix quand il boit la potion magique ! ;D
Je me sens gonflé à bloc et plus motivé que jamais pour continuer l’aventure !

Bien sûr, notre capacité à progresser dépend de la manière dont nous travaillons la musique chaque jour.

Votre méthode de travail musical définit l’évolution de votre jeu. Mois après mois. Année après année.

C’est elle qui vous permettra de jouer ces morceaux que vous rêvez de faire vivre sous vos doigts.
Ou qui vous fera stagner dans la frustration.

En ternissant chaque jour un peu plus votre confiance, comme de vieux couverts en argent oxydés.

Mais existe-t-il une méthode de travail musical optimale ?

Vous me répondrez que cela dépend de chaque musicien et de l’objectif qu’il ou elle poursuit.

Vous avez raison.

Cependant, à un moment ou à un autre, tous les musiciens poursuivent les mêmes buts.

1) Jouer de mieux et mieux

2) Prendre du plaisir

3) Partager leur musique et donner du plaisir aux autres

Nous sommes d’accord ?

Par conséquent, une méthode de travail idéale devrait vous permettre d’atteindre simultanément ces 3 buts, n’est-ce pas ?

C’est là que les conseils d’un des plus grands pédagogues du XX ème siècle vont se révéler particulièrement utiles.

En effet, Ivan Galamian, un musicien célèbre qui a marqué le XXème siècle  prônait une méthode de travail musical complète qui permettait d’atteindre ce triple objectif.

Dans cet article, nous allons passer en revue cette méthode de travail musical découpée en 3 parties.

Chacune de ces parties sera ensuite développée en détail dans un article qui lui sera consacré.

Bien sûr, si vous avez des questions, vous pourrez les posez dans l’espace qui leur est dédié tout en bas de cet article.

C’est ok pour vous ?

Alors allons-y.

Qui est le célèbre pédagogue Ivan Galamian ?

Pour commencer, je vous propose de faire connaissance avec Ivan Galamian.

Ivan Galamian était un célèbre violoniste arménien qui a fait carrière en France puis aux États-Unis.

Dans sa jeunesse, Ivan a rapidement décidé de mettre de côté sa vie de concertiste pour se dédier entièrement à l’enseignement.

Dans sa carrière, il a été directeur du département de violon de la prestigieuse Juilliard School et Membre honoraire de la Royal Academy of Music de Londres.

Il a par ailleurs rédigé des traités de grandes valeurs sur l’apprentissage du violon.

Il a formé grands nombres de musiciens très célèbres qui ont marqué leur époque.
Pour découvrir une liste non exhaustive de ces grands noms de la musique classique cliquez ici.

Ivan Galamian est reconnu comme l’un des plus grands pédagogues musicaux du XXème siècle.

C’est pourquoi, ses conseils en termes de méthode de travail musical méritent toute notre attention.

Voyons à présent l’un des conseils phares d’Ivan Galamian au sujet de la méthode de travail musical.

 
 

Les 3 ingrédients INDISPENSABLES d’une séance de travail musical

Ivan Galamian enseignait à ses élèves que, dans chaque séance de travail musical, 3 points doivent être systématiquement abordés :

  1. La conceptualisation de ce que vous souhaitez jouer et comment vous souhaitez le jouer
  2. Le travail purement technique nécessaire pour que votre vision musicale du point 1 prenne vie
  3. L’entraînement à la performance comme si vous étiez en représentation devant un public 

Ivan considérait que ses élèves devaient consacrer autant de temps à ces 3 points.

Pour appliquer sa méthode, il vous suffit de diviser votre séance en 3 parties égales.

Rappel important : 
Pensez à prendre une petite pause de quelques minutes lorsque vous passez d’un point à un autre.

Vous le savez (car j’insiste très souvent là-dessus) 
les pauses sont un ingrédient essentiel dont votre cerveau a besoin pour effectuer des apprentissages de qualité.

Et pour le dire simplement :

Ne PAS prendre de pause c’est court-circuiter le travail des 100 milliards de neurones qui siègent dans votre tête. ;P

Vu les efforts que vous faites pour devenir un meilleur musicien, je suis sûr que ce n’est vraiment pas votre but.

Méthode de travail musical : Étape 1

La conceptualisation

Voilà un aspect que j’ai trop longtemps négligé. 

Conceptualiser, c’est prendre le temps de définir :

  • ce que vous souhaitez jouer
  • comment vous avez envie de le jouer
  • quelles nuances vous souhaitez effectuer, etc.

Lors de cette étape, vous êtes l’architecte qui dessine les plans d’une magnifique demeure avant de la faire construire.

Lorsque vous conceptualisez, vous définissez votre manière d’interpréter une œuvre.

À quels endroits vous allez jouer fort, jouer piano, accélérer le tempo, le ralentir…

Cette étape est cruciale pour de nombreuses raisons.
Voici l’une d’entre elles.

En conceptualisant la manière dont vous avez envie d’interpréter une œuvre, vous l’appréhendez en profondeur.

Vous commencez à vous l’appropriez sans même avoir joué une seule note.

Dès que vous commencerez à la travaillez, votre vision musicale va orienter d’emblée votre travail d’acquisition des gestes techniques.

Votre jeu sera d’emblée moins scolaire. Votre musique sera plus vivante, plus vibrante.
Votre public percevra cette intimité. Il sera plus touché encore par les mélodies auxquelles vous donnerez vie. Il sentira cette authenticité.

 
 

En conceptualisant vous allez définir votre « patte » musicale

Et oui !

En prenant le temps de réfléchir à comment vous voulez faire sonner telles ou telles phrases musicales, vous allez définir petit à petit votre style, votre singularité

En effet, avec le temps, vous remarquerez certaines tendances que vous avez dans votre manière dinterpréter.

Votre « patte » va se préciser.

J’ai eu l’immense plaisir d’entendre Éric Franceries évoquer en détail ce sujet dans son interview. Pour mémoire, Éric Franceries est guitariste classique et concertiste de renommée internationale. Si vous n’avez pas eu la chance de voir l’interview d’Éric Franceries, cliquez-ici pour la découvrir.

Comme le dit très justement Éric Franceries,  « le but n’est pas de jouer comme tel ou tel grand concertiste mais de jouer comme vous-même ».

Sachez qu’il y a une foule d’autres raisons qui rendent la conceptualisation indispensable dans votre séance de travail.

Pour le moment,  vous pouvez garder en tête que non seulement, la conceptualisation vous permet de définir votre style, mais en plus elle accélère l’acquisition technique de l’œuvre ! (Je vous présenterai une étude scientifique qui le prouve dans le prochain article) 

Ceci nous amène directement au deuxième point clé de cette méthode de travail musical en 3 parties.

Méthode de travail musical : Étape 2

Le travail technique

Et oui.

Comment maîtriser une œuvre sans consacrer du temps au travail technique de votre instrument ?

C’est comme vouloir que des géraniums poussent sous vos fenêtres sans installer de bac, sans semer de graine et sans arroser. 😅

Probabilité de succès = 0% !

Ceci étant dit, apprendre la technique n’est pas chose aisée.

D’autant que peu de gens vous donnent des informations précises et validées par les sciences sur comment travailler.

Fatalement, beaucoup de musiciens tombent dans le piège suivant…

 

Travailler la technique instrumentale d’une manière contre-productive

Comme vous le savez, il faut répéter les gestes que vous souhaitez maîtriser.

Mais pas n’importe comment !

En effet, vous entendez souvent l’adage :

«La pratique rend parfait !»

Mais c’est absolument FAUX !

Et oui !

Car cette phrase sousentend qu’il suffit de répéter des gestes pour qu’ils finissent par bien vouloir s’améliorer !

Or, c’est tout l’inverse.
Et beaucoup d’entre nous tombent ou sont tombés dans le panneau.

Je ne jetterai la pierre sur personne car je suis le premier à m’être fait avoir…

Et je l’ai payé très cher. Croyez-moi.
J’ai perdu un temps précieux à me fatiguer pour trop peu.

J’ai vécu des périodes de frustration noires et un désespoir profond…

Car comme vous, j’aime la musique de tout cœur.

Mais faute d’une méthode de travail efficace, je stagnais et j’avais l’impression que je ne m’en sortirai jamais…

Retenez bien que La pratique ne rend PAS parfait !

Non !

En réalité, seule la pratique parfaite rend parfait.

D’un point de vue neuroscientifique :
« La pratique rend PERMANENT » . Point à la ligne. 

Si vous travaillez tel ou tel geste en étant crispé dans l’avant-bras. 

C’est cela que vous rendrez permanent : jouer tel ou tel geste en étant crispé dans l’avant-bras. 

Vous comprenez ?

Apprendre des gestes et les automatiser, n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît.

Car il existe une foule de petites ou grosses erreurs stratégiques qui peuvent venir vous ralentir ou carrément vous stopper.

=> Trop travailler

=> Trop peu travailler

=> Ne pas assez conscientiser ce que vous faites

=> Mal conceptualiser le geste (je ne parle pas de la conceptualisation de l’interprétation que j’évoquais dans la partie précédente) 

=> Apprendre des informations inutiles, limitantes ou parasitantes

=> Automatiser un apprentissage qui manquera de flexibilité

=> Ne pas appliquer des techniques subtiles d’accélération de l’apprentissage que les neurosciences mettent à jour au fil des recherches scientifiques

En vous promenant sur ce site, vous trouverez des informations sur ces différents points.
En appliquant les astuces enseignées, vous aller améliorer votre méthode de travail musical et votre capacité à progresser. 

 

Méthode de travail musical : Étape 3

L'entrainement à la performance

Oui.

Vous avez bien lu le mot «  entrainement ».

En musique, l’entrainement à la performance est le grand oublié de l’histoire.

Pourtant, c’est bien de cela dont il s’agit.
Les élèves d’Ivan Galamian s’entraînent à jouer comme s’ils étaient en concert à chaque séance de travail.

Et pas seulement quand une audition approchait.
Vous voyez de quoi je parle ? 😏

Ils n’attendaient pas le pic de stress qui fond sur vous quand vous n’êtes plus qu’à deux semaines de l’audition et que ce fichu sentiment de  « ne pas être prêt » ne vous lâche plus.

En réalité, vous aurez toujours cette maudite impression de n’être pas prêt tant que vous n’attaquez pas le cœur du problème.

Quel est ce cœur ?

Et bien, c’est le développement des compétences INDISPENSABLES pour performer en public.

Vous devez apprendre à donner le meilleur de vous-même quand cela compte.

Ce n’est pas une histoire de talent, de don ou autre.

Si vous voyez un haltérophile soulever 200 Kg en public,
vous ne penserez pas que c’est un coup de chance ou une histoire de talent.

Ses énormes muscles sont visibles. Ils témoignent froidement de son travail acharné pour réussir à soulever des quantités indécentes de fonte.

Le problème avec les compétences mentales et émotionnelles, c’est qu’elles ne se voient pas.

Contrairement aux kilos de muscles de notre haltérophile, vous ne pouvez pas évaluer au premier regard à quel point un musicien s’est entraîné pour
réussir à jouer en public.

Pourtant, il s’est exercé pour  : 

=> rester concentré du début à la fin

=> ne pas laisser ses fausses notes le déstabiliser

=> garder loin de lui les pensées au sujet de qui est dans le public et quels jugements ces personnes portent sur lui

=> réussir à s’abandonner pour donner de l’émotion et de l’authenticité, en un mot de la vie 

Retenez bien la chose suivante.

Tant que vous ne musclez pas ces compétences cruciales, vous vous tromperez toujours d’ennemi.

Il y a aura toujours (ou du moins très souvent) un passage plus fragile que les autres dans un morceau.
Vous aurez toujours le sentiment de « ne pas être prêt »!

Il ne s’agit plus de la maîtrise d’un morceau de musique par le musicien.
Je vous parle de la maîtrise du musicien par le musicien.

Ivan Galamian poussait ses élèves à muscler ces compétences.

Ils voulait sans doute que ses élèves réussissent à donner le meilleur d’eux-mêmes, quelque soit le niveau de maîtrise de tel ou tel morceau.

D’ailleurs, si je vous propose d’aller voir un concert au choix parmi les deux suivants :

  1. Un musicien qui n’a pas une maîtrise complète de l’œuvre mais qui sait toujours se lâcher en public et donner vie à ce qu’il joue
  2. Un musicien qui maîtrise parfaitement cette œuvre lorsqu’il est seul mais qui n’arrive jamais vraiment à faire vivre sa musique quand on l’écoute 

Alors, à quel concert préférez-vous aller ? 

Vous comprenez où je veux en venir ?

Méthode de travail musical
en 3 parties : conclusion

  1. Conceptualiser
  2. Progresser techniquement
  3. S’entraîner à jouer comme si vous étiez en public 

Voilà les 3 ingrédients d’une séance de travail musical complète selon Ivan Galamian.

Dans cet article, je n’ai qu’effleuré ces 3 composants qui ont permis aux élèves d’Ivan de marquer leur époque et l’histoire de la musique.

J’espère néanmoins que cette manière de structurer une séance de travail vous ouvre des portes et vous donne des pistes.

Le but de tout musicien est de progresser, d’affiner, d’enrichir ce qu’il joue et comment il le joue.

Bien sûr, une telle évolution nécessite que votre méthode de travail musical s’affine et s’améliore, elle aussi.

Comment pourrait-il en être autrement ?

Si vous avez des questions ou des réflexions complémentaires à nous partager, je vous invite à les formuler dans l’espace commentaire ci-dessous.
Pour en savoir plus sur la gestion du trac, je vous conseille vivement de lire cet article

Avec confiance et motivation,

Roman Buchta 

 
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  • A partir de quel âge est-il vraiment possible d’appliquer cette méthode ? Car lorsque j’étais jeune, je ne me voyais vraiment pas réussir à faire l’étape 1 par exemple (les 2 autres étapes me semblent plus appropriées pour un jeune pratiquant).

    • Roman Buchta dit :

      Bonjour,

      Merci pour ta question très intéressante.

      En effet, lorsqu’on est jeune c’est bien que notre prof nous accompagne pour faire cette première étape.
      En effet, effectuer la conceptualisation est une compétence en tant que telle.
      Et comme toute compétence, elle doit être transmise puis pratiquée pour être améliorée et utilisée de manière autonome !

      J’espère que cela répond à ta question.
      Si tu as besoin d’autres précisions, je reste à l’écoute.

      Excellente continuation 🙂

  • Article très intéressant qui va beaucoup aider mon fils qui s’est mis au piano numérique en autodidacte 🙂

  • Marguerite dit :

    Bonjour Roman
    Merci pour cet article captivant
    Je suis pianiste
    1) la conceptualisation oui bien sûr. « The big picture ». Je pratique cela dans la mesure où je ne joue que des morceaux qui m’ont attrapé par le bout du coeur et j’ai une idée de comment je veux le jouer qui s’affine au fur et à mesure de la pratique
    2) la technique oui bien sûr et mon professeur de piano (qui est un remarquable pédagogue) dit que la réalisation des gestes techniques va dépendre de la nuance avec laquelle on veut jouer : adapter tout de suite lors de la mise en place les doigtés et la chorégraphie nécessaire pour rendre la nuance… et pour ne pas perdre de temps à la réalisation d’un geste technique inadapté (pour la technicité pure il y a les exercices 🙂
    3) c’est mon p’ti plaisir : à chaque fois que j’ai terminé le travail technique du morceau je me le joue comme si j’étais en public et que je voulais transmettre quelque chose même si dans les premiers temps il y a beaucoup de fausses notes… quelquefois je trouve un doigté ou une chorégraphie des mains que je n’avais pas trouvé lors du travail technique et là c’est une grande joie
    mais bon pas de trac… alors en public c’est une autre histoire 🙂

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